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"Kingleon " Le seul roi à n'avoir été couronné que par son dentiste...
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"Kingleon " Le seul roi à n'avoir été couronné que par son dentiste...
25 mars 2007

LA MONTRE 3/3

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Et là le même scénario que pour moi allait se reproduire, le garçon allait faire sa Communion Solennelle et c'est les yeux remplis de de joies qu'il admirait mes consoeurs. Quelques instant plus tard nous repartions , moi au bras de Michel et ma collègue dans un petit paquet que le garçon serrait fort dans sa main. La cérémonie fut très belle et Michel regagna l'Algérie quelques jours après. Le petit Yves gardera un grand souvenir de ces quelques jours passés avec son parrain, en effet c'était la première fois qu'il le voyait depuis son baptême et des liens très forts s'étaient crées entre eux...
La fin de l'année arrivait et avec elle les fêtes de Noël et du jour de l'an . Michel avait prévu de passer les fêtes de Noël avec Jacques son ami de toujours. Tout d'abord il se rendrait à la Messe de minuit puis un réveillon avec des amis à Laghouat. C'est ainsi que le 24 Décembre nous partions d'Alger pour quelques trois cents kilomètres afin de nous rendre sur le territoire de Ghardaïa. Les routes tiennent plus de pistes de brousse que d'un réseau routier.
Nous venions de traverser Bou-Saada, ou nous nous étions arrêtés pour nous rafraîchir, la route devenait de plus en plus tortueuse et notre brave wolfwagen serpentait vaillamment depuis déjà une demi heure dans les Monts de Ouled, lorsque brusquement les 4 roues se bloquèrent soulevant un nuage de poussière, nous dévalames un ravin dans un bruit d'enfer , j'étais brassée, retournée, mon bracelet a failli quitter le bras de Michel... Puis ce fut l'arrêt complet et le silence, un silence pesant, seul mon tic-tac qui pour la première fois me semblait irrégulier, résonnant au fond du ravin.
Et, c'est alors que j'ai commencé à comprendre ce qui venait d'arriver lorsque j'ai vu couler sur mon cadran une goutte de sang,tandis que je me trouvais coincée sous le fauteuil de Michel . Je n'entendais plus les battements de son coeur, puis ce fut mes rouages qui se bloquèrent. Toutes mes fonctions venaient de s'arrêter, mes aiguilles étaient restées figées à dix neuf heures onze minutes et douze secondes. Le choc nous avait été fatal Michel et Jacques étaient morts... Mourir un soir de Noël , loin des siens quelle triste destinée!!
Le lendemain, jour de Noël à plusieurs milliers de kilomètres, le jeune Yves s'amusait comme tous les enfants du monde, avec ses nouveaux jouets. Lorsque vers 19h, on sonna à la porte d'entrée de la maison, c'était le curé du village qui venait annoncer le décès de Michel. Depuis ce jour, Noël n'est plus la fête de la joie et et de la gaieté mais un jour de souvenir et de tristesse...
Mon histoire aurait pu se terminer là mais une seconde vie m'attendait... Toutes les formalités de police effectuées, je me suis retrouvée enfermée dans une boîte dans laquelle se trouvait aussi le portefeuille et différents objets personnels de Michel. Les scellés furent apposés et n'est que quelques mois plus tard que nous fumes rapatriés en France chez la maman de Michel, qui me remisa dans un tiroir. Je suis restée ainsi pendant 4 ans, muette et bloquée à l'heure fatidique de l'accident, lorsqu'un soir j'ai cru reconnaître la voix du jeune homme avec lequel Michel et moi étions retournés à la boutique de l'horloger. C'était bien lui, Yves qui s'adressait à sa grand mère :
" Je suis très peiné grand mère j'ai perdu le cadeau que Michel m'avait fait pour ma Communion, c'était le seul souvenir que j'avais de lui."
Aussitôt, la merveilleuse "mamie" qui ne se déplaçait qu'en fauteuil roulant depuis de nombreuses années montra la commode à son petit fils et lui dit :
"Ouvre le tiroir et donne moi la petite boite verte"
Yves s'exécuta, la "mamie" prit la boite et l'ouvrit avec précaution, c'est alors qu'un rayon de lumière vint caresser mon cadran endormi.
"Tiens mon petit c'est un des seuls souvenirs qui me reste de ce pauvre Michel, je sais combien tu l'aimais, prends la je te la donne."
L'émotion se lisait sur le visage d' yves et je crois même avoir vu sur ses joues quelques larmes couler.Ce sont ces mêmes mains moites qui m'avaient serrés quelques années plus tôt et qui m'emportait pour une nouvelle tranche de vie....

 

Aujourd'hui, j'attends bien sagement dans le bureau d' Yves, le jour ou il voudra me faire revivre à son poignet. Mais il me l'a confié, il a peur de me perdre, souvent il me contemple, me caresse avec émotion, le coeur serré en pensant à Michel.
Il m'a promis qu'il ne me laisserait jamais seule, après lui, ce sera son fils Pierre Yves qui sera mon chevalier servant...et je suis sûr que se poursuivra cette histoire d'amour, ainsi Bessa 6744 traversera les siècles en témoin des bonheurs et malheurs de la famille.

 

Puisque le temps ne s'arrête pas, j'adopterais cette citation de Jean Jacques Rousseau à propos du temps:

 

"Cette image mobile, de l'immobile éternité"

 

elle va si bien à ma chère MONTRE...

 

En hommage et en souvenir de mon cher oncle et parrain Michel ...   Yves

 

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Commentaires
K
Vos commentaires me vont droit au coeur!!! vraiment merci ....
L
Oui très belle histoire. Ces montres suisses étaient increvables et d'une redoutable précision pour peu qu'on les ménageait.<br /> Un jour, un ami m'avoua qu'il était persuadé que toute montre renfermait l'âme du défunt qui la portait... C'est vrai qu certains objets, à force, finissent par être quelque chose de nous-mêmes.
P
très émouvant à lire... à écrire sans doute aussi.
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